Terre urbaine

Site mobile : photos ci-bas
Mobile version : photos below
English version 
Je me questionne souvent sur notre relation à la nature en ville. À l’été 2017, je suis partie à la découverte des jardins montréalais. Née en campagne, j’avais l’idée préconçue qu’en ville, le béton dominait et qu’on ne jardinait pas. Par ce projet photo, je voulais illustrer le contraste entre le végétal et le bâti.
J’ai appris qu’il existait en fait une multitude de projets de verdissement à Montréal, et que derrière les avenues passantes austères se trouvaient parfois des ruelles plus vertes que le Jardin botanique. Somme toute, environ la moitié de la population montréalaise dit cultiver des aliments dans sa cour, sur son balcon, ou dans un jardin.
J’ai donc voulu connaître ces passionnés de nature en ville, ces nostalgiques, comme moi, d’un temps qu’ils n’ont pas connu, et comprendre leurs motivations à fournir temps, espace et argent à faire une ville plus verte.
Car si plusieurs recherches sur l’agriculture urbaine identifient la sécurité alimentaire et la possibilité de faire des économies comme des facteurs de motivation à la pratiquer, il me semblait évident que ce n’était pas les motivations principales à Montréal vu l’espace disponible, les rudes hivers et l’offre diversifiée du marché.
Je me suis donc entretenue avec plusieurs jardiniers montréalais pour comprendre leurs motivations. Il s’avère qu’outre le fait de constituer un loisir productif et enrichissant, le jardinage urbain témoigne souvent d’un besoin de rompre avec l’héritage moderne de la ville et notre rapport à la consommation. L’urbanisation, limitant notre lien avec la nature, nous a fait basculer dans un univers où l’efficacité et la productivité nous réduisent à de simples composantes économiques. Les espaces verts sont ainsi une façon de remettre un peu de romance dans cette époque stérile, chaque jardin comme un petit poème, un rappel à nos racines.
J’ai alors voulu donner tribune à ces jardins et leurs jardiniers, qui, en plus d’embellir la ville, montrent l’exemple et nous amènent à nous remettre en question. Le verdissement contribue aussi à réduire les îlots de chaleur et assainir l’air, entre autres bénéfices, mais plusieurs défis se posent en agriculture urbaine : il faut notamment attendre en moyenne 3 ans pour obtenir sa parcelle dans l’un des 97 jardins communautaires montréalais. Ainsi la demande est grande pour de nouveaux terrains cultivables, mais malgré le grand nombre d’espaces potentiels, cela vient se placer en opposition avec le paradigme capitaliste : si la gouvernance est encline à favoriser l’accès aux terrains pour des initiatives générant des profits, elle semble peu outillée pour répondre à une situation où les citoyens valorisent plutôt les terrains pour leur valeur d’usage, et aspirent parfois même à réduire leur temps de travail salarié dans le but d’autoproduire leur alimentation… ou simplement pour être poète.
“It came to me while picking beans, the secret of happiness.
I was hunting among the spiraling vines that envelop my teepees of pole beans, lifting the dark-green leaves to find handfuls of pods, long and green, firm and furred with tender fuzz. I snapped them off where they hung in slender twosomes, bit into one, and tasted nothing but August, distilled into pure, crisp beaniness. […] By the time I finished searching through just one trellis, my basket was full.
How do I show my girls I love them on a morning in June? I pick them wild strawberries. On a February afternoon we build snowmen and then sit by the fire. In March we make maple syrup. We pick violets in May and go swimming in July. On an August night we lay out blankets and watch meteor showers. In November, that great teacher the woodpile comes into our lives. That’s just the beginning. How do we show our children our love? Each in our own way by a shower of gifts and a heavy rain of lessons.
Maybe it was the smell of ripe tomatoes, or the oriole singing, or that certain slant of light on a yellow afternoon and the beans hanging thick around me. It just came to me in a wash of happiness that made me laugh out loud, startling the chickadees who were picking at the sunflowers, raining black and white hulls on the ground. I knew it with a certainty as warm and clear as the September sunshine. The land loves us back. She loves us with beans and tomatoes, with roasting ears and blackberries and birdsongs. By a shower of gifts and a heavy rain of lessons. She provides for us and teaches us to provide for ourselves. That’s what good mothers do.”
R. W. Kimmerer, Braiding Sweetgrass
Certaines photos disponibles pour achat
Some photos are available for sale

2 thoughts on “Terre urbaine

Leave a comment